Pour la toute première fois depuis 22 ans, la distillerie démarrera son activité cette année sans Jacques Delpech… celui qui a été jusqu’en janvier dernier le maître des lieux a fait valoir ses droits à une retraite ô combien méritée, après s’être dévoué sans mesure pour cette grande maison.
Tout au long de ces années, nous avons eu la chance de rencontrer régulièrement cet homme au caractère entier, pétri de ces valeurs dont sont faits les hommes du monde de la viticulture. Des échanges riches en enseignements qui nous faisaient souvent percevoir les choses autrement.
Un parcours marqué par le labeur
Jacques nous disait un jour «Tout homme qui ne se retourne pas sur ses racines est un homme perdu » et les siennes ont sans nul doute façonné sa philosophie de vie. Il s’est aussi construit sur les bases d’une jeunesse confrontée très vite aux dures réalités, du temps où les jeunes se frottaient très tôt au monde du travail. Il a connu des « vacances scolaires » durant lesquelles il ramassait les poubelles de notre ville derrière le camion-benne. Venaient ensuite durant 3 semaines les vendanges familiales chez l’oncle Capelle. Durant l’année scolaire les jeudis, jours de repos, n’étaient alors pas synonymes d’oisiveté et avec ses frangins ils œuvraient au jardin familial qu’ils quittaient pour rejoindre les entraînements de foot.
Le labeur s’est toujours imposé , mais avec des souvenirs inoubliables comme lorsqu’il gardait les vaches au Pays de Sault chez ses grands-parents. Il a aussi passé des vacances scolaires chez Alibert à Carcassonne où il a appris le métier d’électricien et la pose de poteaux électriques.
Après ses études au Lycée Technique où il a obtenu les BEP Comptable et Agent Administratif, Jacques est entré en 1970 à la SICA des Greffés Soudés comme ouvrier saisonnier. Deux ans plus tard, il remplaçait le comptable jusqu’en mars 73, date à laquelle il partait faire son service militaire à Salon de Provence. Après la « quille », en avril de l’année suivante, il retrouvait la SICA. Au 1er septembre 1980, c’est tout naturellement qu’il a pris la succession de Jean Marquier au poste de Directeur et ce jusqu’à fin août 1992.
22 ans au service du monde viticole
Le 1er septembre 1992, cet homme, auquel tous ceux qui l’ont côtoyé attribuent des qualités de sérieux, de savoir et de compétences, prenait ses fonctions de Directeur de la Distillerie au départ à la retraite de Robert Vidal. Les présidents successifs Paul Aranès, Jacques Serre et Christian Bousquet ( depuis 2008) avaient là le professionnel idéal pour appliquer les décisions prises, mais aussi pour optimiser les situations bien au delà.
En ces murs, il ne s’est pas contenté d’une excellente gestion, il a aussi dynamisé et défendu la structure avec autant d’énergie et de ferveur que pour sa famille.
Pour contrer la baisse des activités due aux arrachages et à la diminution des distillations volontaires Jacques a été l’homme de la situation pour insuffler un nouvel élan à travers la diversification. Au fil des ans, outre la génération de la pâte de lie et ses diverses destinations, la distillerie a accentué ses actions…
Jacques a développé des prestations de services comme avec la centrifugeuse. Il y a élargi à d’autres déclinaisons l’exploitation du marc comme l’extraction de colorants, des piquettes anthocyaniques, des polyfénols qui ont permis à la distillerie de subsister. Nous l’avions aussi suivi lorsque les actions pour stopper les odeurs dérangeantes ont été menées. Oui, Jacques a bien été l’homme de toutes les situations!
Avec cette page qui se tourne à la distillerie, on voit partir un Monsieur qui s’est consacré sans relâche au monde de la viticulture et des viticulteurs, avec toujours une analyse lucide de la condition du monde viticole.
A ses côtés, tout au long de ces décennies, il y a eu Marcy son indéfectible compagne dans la vie qui s’est aussi pleinement impliquée sur le plan professionnel. Puis il y a de cela 10 ans Christophe, son fils, a marché dans ses traces et il lui a enseigné tous les secrets de cette grande maison.
La baisse des volumes traités ayant entrainé la décision en hauts-lieux de ne pas remplacer Jacques à son poste de directeur, la distillerie fonctionnera cette année en rapprochement administratif avec celle d’Arzens pour les affaires courantes. Il y a aura tout de même un Delpech à la manœuvre puisque Christophe y conserve son poste.
Nous avions pu, avec Jacques, découvrir les arcanes de la rentrée et la gestion du marc ( relire ICI) puis la phase de distillation ( relire ICI)
Notre Trébéen n’a pas seulement contribué à la dynamique économique de notre ville, il a également mis son énergie au profit de la vie associative … le foot, il l’a pratiqué durant ¼ de siècle et a aussi assuré entre autres le coaching des U17 et U15, mais également le hand ( 7 ans) l’athlétisme (4 ans) et la gymnastique (7 ans ). Chez les pêcheurs, il a pris part à la création de l’actuelle AAPPMA et tenu les cordons de la bourse durant 6 ans. Il a également veillé aux finances des Rode’Aires, aux côtés de Gérard Falandry et Robert Espanol avec lesquels il a donné naissance à ce jovial club de randos.
Marcy et Jacques ont élu demeure au bord de la grande bleue, à Port La Nouvelle, mais pour ces deux-là impossible de s’encroûter! Avec des projets plein la tête, ils s’octroient de nombreux périples ici et là, mais leurs pas les ramènent souvent en terres Trébéennes où ils ont tant d’attaches… 😉 pour notre plus grand plaisir!
Nous avons mêlé les images qu’il nous a confiées à celles de nos archives
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