Dans le quartier que l’on appelle est encore le faubourg, l’avenue des Capucins (où plus tard « la 113 ») a connu de belles années d’effervescence…
Paul Autier nous avait raconté l’histoire du Grand Café du Commerce qui dans cette même activité était devenu le Café le drop en 1984 et n’existe plus aujourd’hui.
Il nous avait confié un tas de détails et d’anecdotes dont certains lui venaient de ses anciens et dont il avait plaisir à se souvenir…
C’est son arrière grand-père Jean Durand, qui en 1877 crée l’établissement sous le nom « Grand Café du Commerce ». Sur la façade était également mentionné » Bureau de la voiture de Laure » puisque la diligence qui amenait les gens à la gare avait là son étape finale. A cette époque, pas moins de 4 cafés se côtoyaient sur cette avenue. Le chemin de fer juste en face drainait un important passage qui faisait vivre ces commerces dans lesquels la population trouvait aussi de multiples services comme le gardiennage des vélos des voyageurs. La plupart de ces bistrotiers avaient une autre profession, l’un tailleur de vêtements ou comme Jean Durand fabriquant de harnais…
En 14 l’électricité seulement de nuit…
Son fils Antoine, tout en étant bouilleur de cru, partant chez les propriétaires locaux avec son alambic tiré par des chevaux, prend la succession en 1914 et l’établissement devient le « Café Durand ». En ce temps là, l’électricité fournie par l’usine de Trèbes fonctionnait seulement la nuit et la facturation se comptait par lampes utilisées. Les années trente apportent au café une autre activité, celle de l’essence avec les premières pompes à main. Les chaises de paille de la terrasse laissent place à celles de fer et de bois que nos anciens ont connu dans la plupart des bistrots. Paul se souvenait que le café se faisait le matin et que son grand père le maintenait au chaud sur du charbon de bois. Pour les fêtes du faubourg, depuis si longtemps disparues, on mettait la bière dans des comportes rafraîchies par les pains de glaces, qui venaient des glacières de Pradelles Cabardès à dos d’ânes la nuit, emballés dans des feuilles.
Julien Autier, qui livrait le bois et le charbon, épouse Rose la fille d’Antoine et ensemble ils assurent la relève de l’établissement familial qui devient en 1940 le Café Autier. A cette époque, les apéritifs étaient dans des petits futs qui ont ensuite été interdits après la guerre. Les moyens de transport évoluent et peu à peu les voyageurs de la gare ont été remplacés par ceux de l’autobus. A son tour, Paul a contribué à l’affaire familiale…« Après l’armée j’ai pris en charge l’activité de livraison du bois et mon père s’occupait du café et des pompes à essence » nous contait-il.
Progressivement, julien confie la direction de ces diverses activités à ses fils Paul et Louis . Mais, il assure jusqu’à ses 70 ans durant les heures creuses le service du café, pendant que ses deux garçons livrent le fuel, le bois et le charbon.
La gare cessait de fonctionner aux alentours de 1955, mais les voitures de plus en plus nombreuses apportaient une nouvelle clientèle … le faubourg s’adapte…
Paul nous décrivait le café qui n’était alors qu’une grande salle avec encore les bouteilles rangées dans les placards. Les lieux ne disposaient pas de toilettes et les clients utilisaient les wc publics de l’autre coté de la rue . En 1965, les pompes à essence deviennent électriques et facilitent le travail de Louis. C’est en 1968 que sont arrivés les grands changements de l’établissement: L’agencement subit une importante métamorphose avec l’abaissement des plafonds, le remplacement du mobilier, l’installation d’un bar qui accueillait la machine à café, celle à pression, les réfrigérateurs qui ont permis la vente de crèmes glacées.
Avant la construction de l’Autoroute, la nationale était si fréquentée que les bouchons occupaient tout le trajet de Carcassonne à Trèbes qui nécessitait 2 heures. L’importance de ce passage de véhicules n’était pas vraiment favorable à Paul et Louis, car les conducteurs hésitaient à perdre leur place dans la file en s’arrêtant boire un verre.
En 1984, les 2 frères ont vendu l’établissement qui est devenu le Drop, mais a perdu ses pompes à essence et son activité de livraison de bois charbon et fuel.
Jusqu’au début des années 2000 plusieurs gérants s’y sont succédés et ont pérennisé l’activité de bar. Fin 2004 l’endroit devient une brocante puis ferme définitivement.
Aujourd’hui le propriétaire de l’immeuble a effectué de considérable travaux avec notamment la création d’appartements aux étages mais le rez-de-chaussée devrait un jour ou l’autre retrouver une activité commerciale
Le Faubourg d’hier et d’aujourd’hui …
Certaines maisons sont très reconnaissables, d’autres ont beaucoup changées comme celle qui est aujourd’hui le tabac Presse de Carmen et Raymond