Nous avions terminé notre étape découverte du fonctionnement de la Distillerie dans sa saison de rentrée des marcs par le stockage de la piquette (lire ICI).
Ce n’est que des semaines plus tard que la phase suivante peut être envisagée lorsque toutes les fermentations sont terminées.
Jacques Delpech et son fils Christophe viennent à peine de finir la délicate tâche qu’est la distillation et qu’ils ont effectuée durant ce mois de novembre. Nous nous sommes intéressés de près à cette étape.
Pour donc reprendre le cours des évènements la fermentation des piquettes ( environ 8000 hl) étant arrivées à leur terme, elles sont acheminées par un système de pompage dans la haute colonne. C’est au sommet de la colonne dans un bac régulièrement alimenté qu’elles sont réchauffées par la vapeur qui s’élève. C’est dans une pièce à coté que la vapeur est produite (2500 kg/h , une eau à 80° ) soit 10 bars avec un bruleur modulant gaz naturel et elle est dirigée jusqu’au bas de la colonne. Le principe de distillation s’opère ensuite lorsque la vapeur chaude monte et traverse les piquettes produisant ainsi des vapeurs alcoolisées. Ces vapeurs chargées d’alcool sont ensuite refroidies avec un système de serpentins et dirigées vers la deuxième colonne de concentration. Ces alcools traversent alors, des éprouvettes de coulage où s’effectue l’extraction des huiles. Puis ils sont conduits par un circuit aménagé, à un compteur qui va établir les volumes d’alcools produits à 20° de température. Tout ce processus nécessite une surveillance constante pour laquelle le père et le fils se succèdent avec vigilance. D’autre part la distillation est une opération très contrôlée par les services des douanes qui plombent certains des appareils utilisés.
Depuis la réforme de l’OCM (2008) ces alcools sont vendus à la biocarburation ou plus récemment aux distilleries industrielles qui les rectifient et les destinent aux marchés de bouche. Seuls 4 hectolitres iront dans des fûts de vieillissement où ils séjourneront 6 ans.
La piquette ayant fourni sa production d’alcool, restent les effluents. Ces résidus liquides de la colonne sont conduits par un système de canalisation qui passe sous la route de Villalier et les déverse dans les bassins de lagunage et d’évaporation.
Les effluents sont ainsi stockés dans des bassins spécifiques (marcs, lies, vins) et sont traités à l’ozone pendant 2 mois, durant lesquels les procédés d’oxygénation et de décantation se font. Ensuite les effluents traités sont transvasés dans un 3ème bassin d’évaporation (parfois 2cm /jour) et seront épandus (avec l’agrément de la Chambre d’Agriculture) dans les champs, friches ou vignes. Enfin les marcs épuisés sont acheminés très rapidement dans des composts où pour des amendements organiques dans les vignes des adhérents.
Nous avions déjà le sentiment d’assister à un labeur délicat en septembre, nécessitant rigueur lors de l’étape du traitement des marcs, ce ressenti se confirme pour cette phase difficile qu’est la distillation. Nous avons été surpris par l’apparence très ancienne de certains appareillages de ce long processus, notamment le panneau gradué qui permet de surveiller les niveaux, mais force est de constater que le principe associé à la vigilance des Delpech père et fils est efficace.